- Moyen-Âge
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• 1640 ; de 1. moyen et âge♦ Période comprise entre l'Antiquité et les Temps modernes, traditionnellement limitée par la chute de l'Empire romain d'Occident (476) et la prise de Constantinople (1453). Le haut Moyen Âge : la partie la plus ancienne. Les hommes, les villes du Moyen Âge. ⇒ médiéval. La société du Moyen Âge. ⇒ féodalité. Arts, styles du Moyen Âge (gothique, roman). Spécialiste du Moyen Âge. ⇒ médiéviste. REM. L'usage des majuscules est fluctuant : « Le XIX e siècle a bien vengé le moyen âge des mépris du XVIII e » (Balzac). — Par appos. ou adj. (1835) vieilli ⇒ moyenâgeux. « Le roman moyen-âge florissait principalement à Paris » (Gautier).⇒MOYEN(-)ÂGE, (MOYEN ÂGE, MOYEN-ÂGE) subst. masc.A.— 1. Période historique commençant au Ve s. après J.-C. avec l'effondrement et le morcellement politique et culturel de l'Empire romain et s'achevant vers la fin du XVe s. avec l'essor de la Renaissance italienne, la naissance des nations modernes et la découverte des nouveaux continents. Mal défini dans le temps, le Moyen Âge traditionnel l'est encore plus mal par son nom même. Celui-ci évoque l'idée d'une transition, d'une plage sombre entre deux sommets, d'un affaissement entre culture antique et culture classique (Hist. gén. des civilisations, Paris, P.U.F., t. 3, Le Moyen Âge, 1965, p. 1).♦ Haut Moyen Âge. Du Ve siècle après J.-C. jusqu'au XIe siècle, s'étend un « Haut Moyen Âge qui est le seul auquel le terme de Moyen Âge puisse s'appliquer, puisqu'il s'agit d'une période intermédiaire entre deux grandes civilisations (M. COHEN, Préhist. et naissance du fr. ds Hist. littér. de la France, Paris, éd. Sociales, t. 1, 1974, p. 53).2. Moyen Âge occidental ou Moyen Âge. Civilisation qui s'est développée en Europe du Xe s. à la fin du XVe s., caractérisée essentiellement par le féodalisme et l'hégémonie de l'Église. Schlegel, avec son amour pour le Moyen Âge, la chevalerie et, comme contemporain de la chevalerie, le catholicisme (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 85). Une autre marque ces mœurs [italiennes] étaient fort avancées sur la route de la véritable civilisation, c'est qu'à peine sortis des horreurs du Moyen Âge, et de la féodalité où la force était tout, nous voyons le sexe le plus faible moins tyrannisé qu'il ne l'est légalement aujourd'hui (STENDHAL, Amour, 1822, p. 179). Ainsi s'accomplit en mille ans ce long miracle du Moyen Âge, cette merveilleuse légende dont la trace s'efface chaque jour de la terre, et dont on douterait dans quelques siècles, si elle ne s'était fixée et comme cristallisée pour tous les âges dans les flèches, et les aiguilles, et les roses, et les arceaux sans nombre des cathédrales de Cologne et de Strasbourg, dans les cinq mille statues de marbre qui couronnent celle de Milan (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, pp. 422-423) :• 1. Cependant, quand le soleil du Moyen-Âge est tout à fait couché, quand le génie gothique s'est à jamais éteint à l'horizon de l'art, l'architecture va se ternissant, se décolorant, s'effaçant de plus en plus.HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 220.— En appos. avec valeur d'adj. Qui imite, qui évoque le Moyen Âge. Un de ces buveurs de bière qui enveloppent leur finesse de bonhomie, comme un Cardinal Moyen-Âge, son poignard dans sa manche (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 624). Un hôtel de style moyen âge (PROUST, Swann, 1913, p. 59). Cette bijouterie rare, ce bric-à-brac moyen âge (GREEN, Journal, 1941, p. 156).B.— P. anal., péj. Période d'arriération et d'obscurantisme; période marquée par la guerre ou des fléaux sociaux. Mais je veux vivre encore l'entrée de l'actuel, du nouveau Moyen Âge et ne pas rater l'époque atomique (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 269) :• 2. À cet instantané ma vieille et jeune imagePeut-être lirez-vous seulement mes vingt ansRegardez-le de près et c'est un moyen âgeUne sorcellerie un gâchis un carnageARAGON, Rom. inach., 1956, p. 15.Prononc. et Orth. :[
]. Ac. 1798-1878 : moyen-âge; 1935 : moyen âge. Comparer avec Renaissance, Révolution française, Réformes ds Ac. avec majuscules. Selon GREV. 1964, § 170, fréq. chez les aut. : Moyen-Âge, Moyen Âge. Étymol. et Hist. 1640 « époque qui va de la chute de l'empire romain à la prise de Constantinople en 1453 » escrivain du moyen aage (PIERRE DE MARCA, Hist. du Béarn ds R. Ling. rom. t. 26, p. 14); 1834 p. appos. avec valeur d'adj. le roman moyen-Âge (GAUTIER, Préf. Mlle de Maupin, éd. G. Matoré, p. 18, ligne 482), cf. 1836 l'art moyen-âge (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, p. 664). Adaptation du lat. de la Renaissance medium aevum, 1604, MELCHIOR GOLDAST cité par K. BALDINGER ds R. Ling. rom. t. 26, p. 21, de même que l'angl. middle age et l'all. Mittelalter; les premiers aut. hésitent entre moyen temps (cf. PIERRE DE MARCA, op. cit., Au lecteur) et moyen âge, hésitation que l'on retrouve en angl. entre middle time et middle age, pour traduire les expr. lat., formées par les savants humanistes, telles que média tempestas (1469), media aetas (1518), media antiquitas (1525), cf. K. BALDINGER, op. cit., pp. 20-23; il est à remarquer que la détermination chronol. du Moyen Âge est limitée à l'époque mérovingienne et carolingienne dans la plupart des dict. des XVIIe et XVIIIe s. (Ac. et Trév.). Bbg. BALDINGER (K.) Moyen-âge :un anglicisme? R. Ling. rom. 1962, t. 26, pp. 13-24. — EDELMAN (N.). The early uses of medium aevum, moyen-âge, middle-ages. Rom. R. 1938, t. 29, pp. 3-25; 1939, t. 30, pp. 327-330. — MACK. t. 1 1939, pp. 182-183; p. 280, 287; t. 2 1939, p. 150. — PLANCHE (A.). Moyen Âge et presse quotidienne. Persp. médiév. 1976, n° 2, p. 80. — VOSS (J.). Das Mittelalter im historischen Denken Frankreichs. München, 1972, 484 p.
moyen âge ou moyen-âge [mwajɛnɑʒ] n. m.ÉTYM. 1640; comp. d'âge, III., et de 1. moyen, p.-ê. d'après l'angl. middle ages. REM. On écrit moyen âge, Moyen âge, Moyen Âge, moyen-âge, Moyen-âge, Moyen-Âge.❖♦ Période comprise entre l'antiquité et les temps modernes, traditionnellement limitée par la chute de l'Empire romain d'Occident (476) et la prise de Constantinople (1453). || Antiquité, moyen âge et temps modernes (→ Archéologie, cit. 3). || Le haut moyen âge : la partie la plus ancienne (avant les XI-XIIe siècles). || Les hommes, les villes… du moyen âge. ⇒ Médiéval. || Société du moyen âge. ⇒ Chevalerie, croisade, féodalité (cit. 2); corporation, foire (cit. 1). || Philosophie, scolastique, littérature du moyen âge (farce, fatrasie [cit. 1], geste, jeu, miracle, moralité, mystère, roman, sotie…). || Œuvres du moyen âge (→ Envisager, cit. 9; fable, cit. 14). || Arts, styles du moyen âge. ⇒ Gothique (cit. 10), roman. || Le retour au moyen âge est l'un des caractères du romantisme (→ Fantastique, cit. 5; littérature, cit. 13). || Spécialiste du moyen âge. ⇒ Médiéviste.1 Le XIXe siècle a bien vengé le moyen âge des mépris du XVIIIe; et la féodalité honnie et proscrite a repris dans notre littérature le sceptre qu'elle portait autrefois.Balzac, le Feuilleton, XLVII, Œ. diverses, t. I, p. 440.2 Revenons à Paris et au quinzième siècle. Ce n'était pas alors seulement une belle ville; c'était une ville homogène, un produit architectural et historique du moyen-âge, une chronique de pierre. C'était une cité formée de deux couches seulement, la couche romane et la couche gothique, car la couche romaine avait disparu depuis longtemps (…)Hugo, Notre-Dame de Paris, III, II.3 Le terme même de Moyen-âge est le plus impropre qui soit et je voudrais lui voir substituer, surtout en ce qui touche la France, celui de Premier Âge. Il nous a été imposé par les humanistes de la Renaissance, qui ont envisagé ce temps comme la transition entre l'Antiquité classique gréco-romaine et l'époque qui prétendait l'avoir ressuscitée. Le vilain monstre Ignorance, l'appellera Ronsard.Gustave Cohen, la Grande Clarté du Moyen-âge, Introduction.4 Le Moyen âge était donc devenu (au XVIIe s.) une réalité incontestable pour les historiens. Elle le resta, malgré leurs différences sur sa signification : perversion de l'Église dans la conception protestante, des lettres et des arts dans la conception classique (…) antithèse de la raison dans la philosophie du XVIIIe siècle, âge d'or dans le romantisme catholicisant issu de Schlegel.É.-G. Léonard, in Encycl. Pl., Préface, Hist. universelle, t. II, p. X.♦ Par appos. ou adj. (1835; vieilli depuis la création de moyenâgeux). || Costume moyen âge. ⇒ Moyenâgeux.5 (…) il y a bien tantôt trois semaines de cela, le roman moyen-âge florissait principalement à Paris et dans la banlieue… Ce n'étaient qu'ogives, tourelles colonnettes, verrières coloriées, cathédrales et châteaux forts (…)Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, éd. crit. Matoré, p. 18.❖DÉR. Moyenâgeux.
Encyclopédie Universelle. 2012.